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Oui au vrai goût, non aux arômes

A partir du 4 novembre 2025

Oui au vrai goût, non aux arômes

Dans les biscuits, les yaourts, et même dans le thé, les arômes sont partout. On ne les connaît pas très bien, mais on sait qu'on peut s'en passer. Si, si ! C'est un vrai défi, mais Biocoop l'a relevé !

Marie-Pierre Chavel.

Ah ! vous l‘aimez ce yaourt à boire. Son goût de fraise ravit vos papilles, à vous en lécher les babines. Au point que vous ne vous êtes peut-être jamais demandé sous quelle forme et dans quelle quantité le fruit y est présent. Et si ce n‘était que de l‘arôme ? La plupart des produits transformés, conventionnels et bio, en contiennent, alors pourquoi pas votre laitage. Artificiels, donc interdits en bio, ou naturels (voir encadré "Arôme alimentaire, késako ?"), ils sont tellement courants qu‘ils paraissent indispensables. Mais Biocoop prouve le contraire en les supprimant de ses produits. Ça ne veut pas dire que la marque Biocoop devient insipide. Au contraire, elle a les vrais goûts.

De l'authentique

Soyons clairs : on parle bien ici d‘arômes alimentaires. Ce sont des ingrédients créés de toutes pièces par l‘industrie pour donner du goût et/ou de l‘odeur à des denrées qui n‘en ont pas parce que leurs matières premières sont de piètre qualité. Ils servent aussi à ce que, quelles que soient la variété et l‘origine de la fraise, votre yaourt à boire ait une saveur constante. Fantastique ! À part qu‘elle ne sera pas authentique. Les arômes, même naturels et bio (ce qui était la règle jusqu‘à maintenant chez Biocoop), ne seront jamais l‘exacte réplique de l‘ingrédient qu‘ils veulent imiter. Par conséquent, ils nous trompent. "Ils font croire que les goûts sont intenses et uniformes. Mais le vrai goût, c‘est celui de la matière première, subtil et changeant d‘une récolte à l‘autre", explique Emmanuelle Joye, chargée de R&D ingrédients chez Biocoop.

Quant à l‘étiquetage, il ne dit pas que sous le mot « arôme » se cachent, outre une fraction aromatisante, des additifs et un support qui donne à l‘arôme une forme utilisable. Ainsi, pour des chips au basilic, l‘huile essentielle de l‘aromate est mise sur un support poudre avant d‘être passée au spray (on dit sprayer chez les pros) sur la chips. Quels additifs et supports sont utilisés pour ce produit ? On ne sait pas.

Autant de bonnes raisons de se passer de ces arômes, un domaine opaque et compliqué, pour le consommateur particulièrement.

Pas plus cher

"Impossible, ça va coûter beaucoup plus cher", avancent des fabricants qui trouvent l‘idée folle. Pas de quoi décourager Biocoop qui insiste et prend son temps : trois ans pour lever, en partie, les freins au projet. Il a fallu d‘abord identifier par quoi les remplacer. Pour la vanille, ça sera un extrait obtenu par macération des gousses dans de l‘alcool. Fastoche. Si ce n‘est que ça change le goût, qui peut paraître plus doux quand on est habitué à celui, très marqué, de l‘arôme, et le coût. Le cours de la vanille s‘envole à la moindre occasion (climatique, politique…). Il faut donc trouver le bon dosage dans les recettes et les leviers pour maintenir les prix. "Nous avions deux fournisseurs pour le yaourt à la vanille, illustre Marine Balmens, chargée de la marque Biocoop. Nous n‘en avons plus qu‘un. En massifiant les volumes, on peut jouer sur les prix."

Dans d‘autres yaourts, l‘arôme est remplacé par un surplus de fruits. Mais ça ne fonctionne pas avec l‘abricot et autres fruits jaunes : pour retrouver le goût auquel est habitué le consommateur, il faudrait plus de 12 % de purée de fruit. Un coût que personne n‘est prêt à assumer. "Il nous manque aussi des solutions pour les fruits à coque, la grenadine...", confie Emmanuelle Joye. Elle continue de chercher avec ses partenaires aromaticiens, dont Prova. La directrice des ventes, Sylvie Gérard, affirme que la démarche de Biocoop est unique. "Jusqu‘à l‘année dernière, la tendance générale était aux “arômes naturels de“. Depuis, l‘inflation a réorienté le marché vers moins cher", dit-elle. Mais la recherche du vrai goût pourrait faire des émules, qui sait !

3 QUESTIONS À : Marine Balmens
Cheffe de groupe Marque chez Biocoop. Pourquoi avoir supprimé les arômes des produits à marque Biocoop ?

La réduction de l‘ultratransformation pour une alimentation plus saine, des goûts vrais, est un enjeu depuis 2020. Nous avons commencé par supprimer un maximum d‘ingrédients ultratransformés. Aujourd‘hui, 95 % des produits à marque Biocoop répondent à l‘allégation "Ingrédients simples*". Toujours dans une recherche de naturalité, nous allons maintenant plus loin en supprimant tous les arômes, quels qu‘ils soient, en commençant par notre marque.

Les consommateurs vont-ils retrouver les goûts auxquels ils étaient habitués ?

La promesse organoleptique est au rendez-vous dans tout ce que nous avons reformulé : biscuits, bébé notamment, purées de fruit, yaourts. Nos matières premières - des farines complètes ou semi-complètes, du lait d‘animaux qui pâturent, des pommes et leur peau - sont de qualité, avec de la saveur et une typicité qui n‘ont pas besoin d‘être boostées par un arôme. Avec un extrait de vanille, leur goût sera moins standard. Il pourra varier légèrement, en fonction des saisons par exemple.

Cette approche permet-elle à Biocoop de rester fidèle à ses valeurs ?

Bien sûr. Pour le yaourt à la fraise par exemple, nous avons fait un travail de relocalisation pour avoir une fraise française, ce qui est rare dans l‘industrie. Elles sont cueillies à maturité pour plus de goût. Le yaourt est labellisé Bio équitable en France. Les extraits de vanille sont issus d‘une vanille de Madagascar durable. Enfin, il y a des références que nous avons préféré arrêter faute d‘alternatives aux arômes, même si ces produits marchaient bien, comme les packs de yaourts aromatisés framboise, vanille, citron, coco.

*Cahier des charges qui bannit 500 ingrédients ultratransformés et valorise les produits alimentaires les plus proches du fait maison.

Arôme alimentaire : késako ?

À question simple, réponse... complexe, avec la fraise pour exemple. C'est parti !

Un arôme alimentaire : c'est une partie aromatisante (des composants de la fraise), des additifs, pour la conservation, etc., et un support (huile, sucre, etc.) pour l'intégrer dans une recette. Il y en a trois grandes catégories : les synthétiques, les naturels et les extraits.

Les arômes synthétiques : sur un emballage, ils sont désignés par "arôme" ou "arôme fraise". Issus de la chimie de synthèse, ils sont interdits en bio. Ouf !

Les arômes naturels se divisent en trois groupes :

  • Arôme naturel de fraise : 95 % au moins de la partie aromatisante vient de la fraise. D'autres substances naturelles constituent le reste.
  • Arôme naturel de fraise avec autres arômes naturels : cette fois, la partie aromatisante provient à moins de 95 % de la fraise.
  • Arôme naturel : la partie aromatisante provient d'ingrédients naturels divers, voire surprenants, comme les copeaux de bois qui donnent le goût de fraise.

Les extraits : obtenus par divers procédés (distillation, extraction à l'alcool, etc.), ils sont à 100 % issus de la fraise (c'est toujours un exemple). Les huiles essentielles ou encore les hydrolats sont des extraits.

Des professionnels réclament un vocabulaire plus clair, des dénominations moins proches les unes des autres. Les consommateurs ne seraient pas contre non plus...

CONFIDENCE

Le yaourt brassé à la fraise Biocoop est fait avec 8 % de fruits.

C'est au moins 3 % de plus et 100 % d'arômes en moins que beaucoup d'autres marques.

Ça vous tente ?

Article extrait du n°137 de CULTURE BIO, le mag de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles.